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C AN AD I AN JO U RN AL O F AN ESTH ESIA
Qu’est-ce que la méthode Delphi?
la probabilité d’atteindre les résultats escomptés.1 0 Les
patients veulent surtout éviter les douleurs, nausées et
vomissements.3 Ce que les anesthésiologistes voient
également comme d’importants inconvénients à
éviter.1 1
La méthode Delphi a été mise au point dans les années
1950 pour obtenir un accord général dans un groupe
d’experts en utilisant l’étude de séries de question-
naires et des réactions intercalées.8 La théorie derrière
cette méthode veut que l’ensemble d’un groupe four-
nisse un jugement supérieur à celui de la plupart des
individus de ce groupe. La méthode Delphi se carac-
térise par l’anonymat des participants, la modification
itérative des réponses des membres, pour leur permet-
tre de changer d’opinion, et une réponse de groupe
finale exprimée par une cote, quand c’est approprié
comme dans l’étude de Fung. Elle a ses limites, car
l’existence d’un «consensus» ne peut se substituer à
une révision scientifique rigoureuse.
Étant donné que les patients valorisent la préven-
tion de ces effets secondaires, les anesthésiologistes
doivent faire plus pour en réduire l’incidence et la
sévérité. La Joint Commission on Accreditation of
H ealthcare Organizations (JCAH O) reconnaît l’im-
portance de la douleur et a produit des normes d’é-
valuation et de traitement. La diffusion de ces normes,
comprises dans le manuel du programme d’accrédita-
tion de 2000-2001, permettra de mettre encore plus
l’accent sur le traitement efficace de la douleur.
Dans le but de mieux quantifier la valeur que les
patients accordent au fait d’éliminer les effets
anesthésiques négatifs habituels, et en collaboration
avec les docteurs Matthew Weinger et Claudio Palma
de l’University of California à San Diego, nous avons
mené une enquête auprès de 66 patients en leur
demandant combien ils seraient prêts à payer pour
prévenir un effet indésirable donné qui, par
hypothèse, durerait six heures après une opération. La
description de l’effet indésirable comportait les pro-
pres mots des patients. Par exemple, la nausée a été
décrite ainsi : «Vous vous réveillez et avez envie de
vomir, mais ne pouvez pas. Vous avez la bouche sèche
et vous transpirez. La nausée est associée à des spasmes
de l’estomac et à des haut-le-cœur à vide. Vous vous
sentez plus mal si vous bougez.» Toute l’enquête se
trouve au site http:/ / www.stanford.edu/ ~amaca/
PostopPref/ .
Les anesthésiologistes sous-estiment l’importance des
relations interpersonnelles
Pour chaque période définie, les patients ont classé le
contenu technique des soins comme l’aspect le plus
important et les anesthésiologistes ont déterminé avec
justesse que cet aspect était la priorité des patients.
Toutefois, les anesthésiologistes ont sous-estimé l’im-
portance de la relation interpersonnelle entre le
patient et le médecin et surestimé le rôle de l’efficacité
des soins, du point de vue du donneur de soins. Cette
disparité ou cette discordance, quant à l’importance
relative de la relation interpersonnelle en anesthésie,
est un fait à noter. Elle rappelle aux médecins que cet
aspect des soins ne doit pas être sous-estimé. De fait,
l’amabilité du personnel de la salle d’opération pour-
rait être le déterminant le plus important de la satis-
faction du patient en chirurgie ambulatoire.9
Les prochains travaux devraient vérifier ces résultats
auprès de patients d’autres pays qui bénéficient de sys-
tèmes de santé différents, aussi bien qu’auprès de
patients interrogés avant l’opération plutôt qu’après,
comme l’a fait Fung. Les patients de l’étude de Fung
ont pu accorder une cote plus élevée à certains aspects
des soins qui, dans leur cas personnel, avaient peut-
être été négligés. La partie des soins qui s’est bien
déroulée a pu être sous-estimée dans son importance
relative. De plus, même si le contenu technique a été
classé au premier rang pour chaque période de temps
définie, la façon de placer les éléments de l’enquête de
Fung dans cette catégorie, opposée à la catégorie
interpersonnelle des soins, n’est pas claire.
Les méthodes du prêt-à-payer présentent immé-
diatement les valeurs monétaires de certaines compli-
cations. Même limitée (par exemple, la bonne volonté
de payer d’une personne est influencée par son
revenu), la technique du prêt-à-payer est un outil
important dont les économistes de la santé disposent
pour apprécier l’effet d’affections aiguës. Elle fournit
peut-être l’estimation la plus conservatrice de la valeur
qu’un patient accorde à une complication.1 2 O n
accepte ainsi de payer 1 200 $ pour bénéficier d’une
échographie pendant une grossesse normale, confir-
mant que l’anatomie et la croissance fœtales sont nor-
males,1 3 et 50 $ pour éviter les effets secondaires
mineurs d’un colorant de contraste intraveineux uti-
lisant des agents non ioniques.1 4
La qualité de l’anesthésie peut être améliorée en tenant
compte des complications courantes de faible morbidité
L’issue des soins, l’un des points étudiés par Fung,
nécessite d’autres commentaires. Ainsi, la qualité se
définit par le degré auquel les services de santé élèvent
Dans notre étude, les 66 répondants étaient
généralement jeunes, instruits et de race blanche, plus
de la moitié d’entre eux avaient expérimenté au moins
un des effets négatifs. Comme dans nos études
antérieures, les patients ont accepté de payer plus pour